Anthropologie de la nature

Présentation

On rêve beaucoup, aujourd’hui, autour des chasseurs-cueilleurs. D’un côté on a envie de protéger leur mode de vie, de garder ces « derniers représentants du paléolithique » dans leur état « originaire ». C’est pour leur intérêt et pour le nôtre, paraît-il. D’un autre côté, on n’arrête pas de les étudier, de les côtoyer à des fins touristico-philanthropiques, bref, de les déranger. On en arrive même, au nom de la protection de la faune sauvage, à les entraver dans l’exercice  de leurs activités de subsistance (« chasseur-cueilleur d’accord, mais végane … »). En tout cas on les jalouse, on les copie, on les compare à nous.

            Derniers rejetons de la (désormais longue) famille des « bons sauvages », le Pygmée, L’Inuit, l’Amazonien sont encore là pour nous parler de nous mêmes, de ce que nous ne sommes pas, de ce que nous devrions être. Si on les convoque, comme à l’époque d’Émile Durkheim, c’est parce que dans leur « essentialité », dans l’archaïsme de leurs rites et de leurs mythes, ils nous aident à mieux comprendre la complexité de nos institutions.

            Après avoir décrit l’univers des chasseurs-cueilleurs et l’engouement qu’il suscite, le cours posera la question du comparatisme. Dans leur nostalgie pour la Wilderness,  l’artiste contemporain, le chasseur, l’aventurier aiment bien rappeler leur penchant pour l’animisme, le shamanisme, l’égalitarisme des sociétés sans État … Tout ceci est bien suggestif. Mais a-t-on vraiment le droit de rapprocher des mondes si lointains? Dans quelle mesure le rapport à la nature caractéristique des sociétés de chasse-cueillette peut-il  être mis sérieusement  en comparaison avec le nôtre ?