Images et anthropologie culturelle

Présentation

L'indépendance écossaise : enjeux et discours : Camille Manfredi (2 x 3h)

Altérité et identité raciale : Fatima Rodriguez (6h)

Ariélisme L'Autre, le Même et le Moi : Lionel Souquet (6h)

Deleuze et l’altérité : Lionel Souquet (3h)

L’indépendance écossaise : enjeux et discours (Camille Manfredi 6h)

Ce séminaire propose de revenir aux sources du nationalisme écossais afin de mieux approcher et analyser le fossé qui s’est creusé entre l’Ecosse et sa voisine anglaise depuis les années 1970. Il s’agira dans un premier temps de mieux comprendre les mouvements politiques, sociaux et culturels qui ont conduit l’Ecosse à envisager, plus ou moins radicalement, le divorce d’avec l’Angleterre au cours du XXe siècle. Dans un second temps, nous nous pencherons sur les circonstances qui ont conduit au référendum de 2014 et à son résultat, ainsi que sur celles qui sont susceptibles de relancer le processus référendaire en 2021. Une attention particulière sera portée aux façons dont les discours pro- et anti-indépendantistes se saisissent de l’actualité à l’échelle de la Grande-Bretagne et de l’Europe.

Bibliographie indicative :

  1. M. Devine and Jenny Wormald, The Oxford Handbook of Modern Scottish History, OUP, [2012] 2014
  2. M. Devine, Independence or Union: Scotland's Past and Scotland's Present, Penguin, 2016

Site du Parlement écossais : https://www.parliament.scot/

Médias en ligne ouvertement pro-indépendance : https://www.thenational.scot/, https://bellacaledonia.org.uk/

Alterité et identité raciale (Fatima Rodriguez)

S’il existe un territoire où se résout le binôme Identité raciale-altérité, c’est bien l’aire géographique de la Caraïbe.

Creuset où cohabitent six groupes ethniques caractérisés (afrocaraïbe, blanc, indo-caraïbe, sino-caraïbe, middle-est caribbean, kalinago, taino) et une dizaine de langues (français, anglais, espagnol, créole anglais, créole français, indostani, hollandais, garifuna…), où viennent se converger des conceptions symboliques unificatrices, la Caraïbe accueille aussi un sentiment identitaire commun, incarné dans des projets d’unité institutionnelle  transnationale (CARICOM, ACS, CAIC ….) ou encore dans des programmes et mouvements sociaux, patrimoniaux et artistiques.

L’objectif de ces séminaires est de porter, dans un premier temps, une réflexion théorique sur les notions d’identité-race-altérité, puis de les mobiliser et les contextualiser à la lumière des grands mouvements qui ont jalonné l’histoire contemporaine de la Caraïbe anglophone, francophone et hispanophone.

Bibliographie

J. M. ABANOANDENGUE (1970), De la Négritude au Négrisme, Yaoundé, Clé.

Roger BASTIDE (1958), “Le mythe de l’Afrique noire et de la société de classes multiraciale“, Esprit, Octobre.

François BOGLIOLO, Manuel Zapata Olivella (Négritude et problèmes du Noir), Les Nouvelles éditions africaines, Dakar-Abidjean, 1978.

Aimé CÉSAIRE (1950), Discours sur le colonialisme, Paris, éds. Réclame.

Jack CORZANI (1978), La littérature des Antilles-Guyane Françaises, Fort-de France, éds. Desormeaux.

Louis-Philippe DALEMBERT et Lyonel TROUILLOT (2010), Haïti. Une traversée littéraire, Presses Nationales de Haïti-Culturesfrance éds-Philippe Rey.

Edouard GLISSANT (1990), Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990.

Peter HULME (2014), Tropical Town: Caribbean Writers in New York in the Early 20th Century, conference, Department of Literature, Film and Theater Studies, University of Essex, January 30th  

http://www.ustream.tv/recorded/43291362

Lilyan KESTELOOT (1963), Les écrivains noirs de langue française: naissance d’une littérature, Université Libre de Bruxelles, coll. Etudes africaines, 1963.

Fátima RODRÍGUEZ et Noémie le VOURCH (éd.) (2015), Pérennité ou changement. Identités et représentations dans les aires culturelles caraïbes (Dialogues de Vienne), CRBC, Brest.

Joel des ROSIERS (1996) Théories caraïbes. Poétique du déracinement, Montréal, éds. Tryptique.

Léopold SEDAR SANGHOR (1977), Négritude et Modernité ou la Négritude est un humanisme du XXe siècle, Paris, Seuil.

 • Lionel Souquet : « Gilles Deleuze et l’altérité »  (3h)

Gilles Deleuze : philosophie, politique et littérature.Gilles Deleuze (1925-1995) est un philosophe français dont les travaux ont eu un impact considérable depuis la fin des années 1960. Il s’est d’abord fait connaître comme historien de la philosophie puis comme philosophe du cinéma, de la peinture et, surtout, de la littérature (Proust, Kafka, Sacher-Masoch, Lewis Carroll, etc.).

La force du système deleuzien tient dans sa multiplicité et sa grande souplesse car le philosophe voulait que ses concepts soient utilisables par tous, même les non philosophes, à des degrés plus ou moins complexes. Nous évoquerons les concepts les plus célèbres, généralement liés à la notion d’altérité : « littérature mineure », « rhizome », « déterritorialisation », « nomadisme », « devenir », « essence du temps localisée », « mémoire involontaire », « bégaiement », « corps sans organes », etc. Par son originalité, sa transdisciplinarité et son écho dans les sciences humaines, ce système de pensée est indispensable à la compréhension de la postmodernité.

• Lionel Souquet : Cultures kitsch  (9h)

Né au XIXe siècle ou, peut-être, dès l’antiquité si l’on considère qu’il a à voir avec le dionysiaque, le grotesque et la carnavalisation, le kitsch est étroitement lié à une culture populaire (roman rose, roman-photo, polar, science-fiction, cinéma populaire, caricature...) « considérée comme de mauvais goût par la culture établie » (Petit Robert, 1985). Mais les théoriciens d'inspiration marxiste, qui pensent que le kitsch est une culture de l'aliénation, l'associent à la culture bourgeoise. Cette problématique typiquement postmoderne se développera à partir des années soixante autour d’Andy Warhol, du Pop art et de la performance, soulevant les problèmes – plus que jamais actuels – de la marchandisation et de la récupération de l’art par les idéologies et la propagande. La problématique du kitsch est étroitement liée, dans sa genèse, aux cultures germaniques, puis à la subculture médiatique anglo-américaine mais, au milieu de cette nébuleuse polymorphe, certains artistes italiens, espagnols ou hispano-américains postmodernes développent aussi un foyer de réflexion fort original sur le kitsch et interrogent les liens – parfois conflictuels – entre cultures anglo-saxones et latines. Flirtant souvent avec une esthétique dite du « mauvais goût » (vulgarité, transvestisme, artifice et ironie) les univers de ces artistes très divers (écrivains, cinéastes, photographes, plasticiens, etc.) relèvent aussi de ce que Susan Sontag appelle le camp (un kitsch conscient de lui-même et souvent associé à l’humour et à l’autodérision de la subculture gay). Souvent méprisé, le kitsch apparaît aujourd’hui comme un mode d’expression artistique – au « deuxième degré » – hautement subversif.

Ariélisme et anti-américanisme latino-américain. 

Les États-Unis vus par les intellectuels et artistes hispano-américains (XIXe, XXe et XXIe siècles) - Lionel Souquet

 Chercher les origines des hostilités entre Amérique anglophone protestante et Amérique latine catholique relève presque du paradoxe de l’œuf et de la poule. Largement héritée des conflits politiques et religieux de l’Europe moderne, cette opposition se développera surtout à partir de l’indépendance des anciennes colonies britanniques (1776) et espagnoles (1810-1824). En 1823, la doctrine de Monroe (« l’Amérique aux Américains »… sous-entendu du Nord) met en évidence les ambitions interventionnistes et expansionnistes des États-Unis, qui souhaitent occuper la place laissée vacante par les colons espagnols, éveillant ainsi la méfiance des intellectuels et artistes latino-américains (écrivains, peintres, cinéastes…) qui voient – ou feignent de voir – les anglophones comme un Autre absolu. Au début des années 1960, après le triomphe de la Révolution Cubaine, les tensions politiques et idéologiques augmentent sur le continent américain, entre voisins du nord et du sud.

Les trois premières heures de ce séminaire seront consacrées à la position anti-nord-américaine tandis que les trois dernières seront dédiées à des intellectuels et artistes hispano-américains – certes moins nombreux – qui voient les États-Unis, sinon comme un Eldorado, du moins comme une possible terre d’exil, d’accueil et de liberté.

Bibliographie sommaire :

GALEANO Eduardo, Les veines ouvertes de l’Amérique Latine, Une contre-histoire, traduction de Claude Couffon, Plon, col. Terre Humaine / poche, 1981.

NERUDA Pablo, Chant général, traduction de Claude Couffon, NRF, Poésie/Gallimard, 1999.

POWELL Philip Wayne, Tree of Hate: Propaganda and Prejudices Affecting United States Relations with the Hispanic World, University of New Mexico Press, 1971, 2008.

POWELL Philip Wayne, La leyenda negra, Barcelona, Áltera, 2008.

PAZ Octavio, Le labyrinthe de la solitude, suivi de Critique de la pyramide, traduction de Jean-Clarence Lambert, Gallimard, NRF essais, 1972.

Images et cultures du futur : L'homme augmenté  et l'huperhumain- H. Machinal (3h)

Dans le cadre de la troisième révolution industrielle, celle des biotechnologies (Michaud) et des sociétés hypermédiatiques (Gervais), la définition de l’identité humaine est remise en question. En partant des philosophes contemporains (Michaud, Lecourt), il s’agira dans ce séminaire de se pencher sur la redéfinition de l’être humain qu’entraîne l’hyperhumain aussi bien dans sa composante biogénétique qu’hypermédiatique (Serroy/Lipovetsky). Ce séminaire s’attachera aussi aux questions d’identités sexuelles (Braidotti/Hoquet) induites par ces dynamiques de redéfinition.

A partir de la notion d’hybridité homme/machine, il nous faudra aussi analyser la robotisation de l’être organique, du cyborg (Harraway) au robot, et les questions politiques, philosophiques et éthiques qui en découlent.

Bibliographie :

Braidotti, « Les sujets nomades féministes », www.cairn.info/revue-multitudes-2003-2-p-27.htm

Haraway D., A Cyborg Manifesto, http://faculty.georgetown.edu/irvinem/theory/Haraway-CyborgManifesto.html (NY, Routledge, 1991)

Hayles N. K., How We Became Posthuman : Virtual Bodies in Cybernetics, Literature and Informatics, Chicago et Londres, The University of Chicago Press, 1999.

Hoquet T., Cyborg Philosophie, Paris, Le Seuil, 2011.

Lecourt, D. Humain, posthumain, Paris, PUF, 2011.

Michaud Y. , Humain, inhumain, trop humain, Paris, Flammarion, 2006