Présentation

L’archéologie n’a pas de limite chronologique. En France, l’intérêt porté par les archéologues pour les vestiges du passé-récent remonte au début des années 1990, quand fut fouillée en Lorraine la tombe retrouvée de l’écrivain Alain Fournier, auteur du Grand Meaulnes, mort au début de la Première Guerre mondiale. La question suivante était posée : fouiller cette tombe est-ce un simple acte de récupération du corps ou bien un acte archéologique, avec une problématique de recherche ? Depuis, les fouilles sur la Grande Guerre ou la Seconde Guerre mondiale se sont multipliées.

Ainsi, en nous appuyant sur plusieurs études de cas, de la période Moderne à aujourd’hui, nous verrons en quoi l’archéologie permet d’apporter des connaissances supplémentaires sur les périodes récentes de notre Histoire, alors que nous disposons d’archives sonores, écrites et photographiques. Ces fouilles ont aussi posé des questionnements éthiques, auxquels étaient peu confrontés jusque-là les archéologues : travaillant sur des défunts, dont l’identité peut être établie, l’archéologue a été contraint de modifier son rapport à « l’objet ». Dans la poursuite de cette réflexion, nous évoquerons également l’archéologie forensique, autrement dit l’intervention des archéologues sur des scènes de crime. Enfin, nous verrons que l’archéologie du passé-récent n’apporte pas uniquement des compléments d’information aux évènements traumatiques de notre histoire, elle nous éclaire aussi sur des aspects plus positifs et féériques de notre culture (archéologie du cinéma, archéologie de la vie quotidienne, « Garbage Archaeology », etc.). L’étude des vestiges et objets contemporains sert notamment d’outil critique de l’archéologie.