Penser l'histoire de la philosophie
Présentation
Année 2025-2026
- APIL 4120, Penser l’histoire de la philosophie :
Enseignant : Philippe OUVRARD.
Enseignant : Philippe OUVRARD.
Au fil du temps, une très grande diversité de doctrines philosophiques se sont succédées et dans différentes aires de civilisation. A première vue, l’histoire de la philosophie est la description de cette pluralité, se bornant à explorer de façon détaillée, philosophe après philosophe, ce qui a été dit à chaque fois dans l'œuvre des différents auteurs. Trop souvent, c'est là ce que l'on entend par histoire de la philosophie, quand par exemple on se propose de vulgariser la pensée philosophique auprès du grand public. Descriptive et purement chronologique, cette histoire ne fait pas sens et pose problème.
Tout l’effort vise alors à mieux comprendre ce que chaque philosophe a effectivement dit et voulu dire. Et on le réitère pour chaque œuvre philosophique, des présocratiques aux contemporaines. Mais qu’en est-il de cette succession même des œuvres ? La pluralité des doctrines, une fois constatée, ne doit-elle pas elle-même être réflexivement interrogée ? Que dire de cette pluralité des philosophies ? Peuvent-elles toutes être vraies, alors que pourtant elles divergent, voire se contredisent ? La philosophie est-elle en droit une ou multiple ? Y a-t-il une philosophia perennis, une philosophie éternelle plus profonde que les changements de doctrines ? Y a-t-il un progrès en philosophie ? Y aurait-il éventuellement des philosophies périmées ? Peut-on comprendre un philosophe mieux qu’il ne s’est lui-même compris ?
Ces interrogations et d’autres requièrent alors plutôt une deuxième attitude intellectuelle, réflexive et non plus descriptive : une histoire philosophante de la philosophie, par laquelle la philosophie s’efforce de comprendre ses propres possibilités à partir de la réalité des diverses doctrines. Ce n’est pas sans risques :
Comment se prémunir contre le risque d’idéologiser, de façon scolaire ou ethnocentrique, le parcours de la philosophie en Occident ?
Comment éviter le risque de description positiviste, oublieuse des choix philosophiques que l’on présuppose ?
Comment se garder d’un présupposé historiciste selon lequel toute l’histoire de la philosophie serait réellement orientée vers un seul et même but ?
Le problème qui nous servira de fil conducteur sera dès lors le suivant : Comment interpréter, d’une part, et comment juger, d’autre part, le devenir même de la philosophie ? Cela engage tout à la fois la relation qui peut et doit s’instaurer entre les philosophies, et la façon dont la pensée philosophique émerge dans le temps des sociétés humaines.
Bibliographie (qui sera complétée à la rentrée) :
Gérard Lebrun, Devenir de la philosophie, in Notions de philosophie, III, sous la direction de Denis Kambouchner, Gallimard, 1995, coll. « Folio essais »
G. W. F. Hegel, Leçons sur l’histoire de la philosophie, tome 1, trad. J. Gibelin, Gallimard, 1954, Gallimard, coll. « Idées ».
Vincent Citot, Problèmes épistémologiques en histoire de la philosophie, Liber, 2017